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06.02. Babel - Chapitre VI (2/4)
lundi 5 novembre 2007, par
Une autre jeune femme, rousse elle aussi, était attachée et bâillonnée. Alain se précipita vers elle et lui ôta la serviette qui l’avait empêchée de crier. La première réaction de Patricia, car cette fois-ci, et sans nul doute, c’était bien elle, fut de lui demander :
— Qui êtes-vous ?
— Un simple flic, bougonna Alain en lui montrant sa carte, un peu vexé qu’elle ne le remercie pas.
— Vous m’avez sauvé la vie… Je ne sais pas trop quoi dire pour vous remercier.
Un sourire revint sur les lèvres d’Alain :
— Ce n’est rien, je ne fais que mon métier, dit-il, grand seigneur.
Il acheva de la délivrer et l’aida à se relever. Elle s’étira et massa ses poignets endoloris.
— Que s’est-il passé ? demanda Alain.
— Une femme rousse est venue sonner. Elle s’est prétendue de la police et a commencé à m’interroger sur mon père…
— Votre père est bien Hervé Villier, ingénieur en chef d’Infinita ? la coupa-t-il.
— Était, vous voulez dire.
— Excusez-moi. Mais poursuivez…
— Ce n’est rien. Elle s’est mise à me poser des tas de questions. J’ai trouvé ça bizarre et je lui ai demandé sa carte. Au lieu de me la montrer, elle m’a menacée avec un pistolet. C’est à ce moment-là que vous avez sonné…
— Et alors ?
— Elle m’a obligée à me taire et m’a bâillonnée et attachée ici… J’étais morte de peur. Puis vous avez sonné à nouveau, je vous ai entendu entrer et j’ai repris espoir. J’ai cogné sur le radiateur en espérant attirer votre attention et vous êtes arrivé ! Mais au fait, pourquoi veniez-vous me voir ?
— À cause de votre tuteur, Georges Nardon.
— Georges ? Il lui est arrivé quelque chose ?
— Je suis navré de vous l’apprendre mais il vient d’être assassiné…
— Mon Dieu. Ce cher vieux Georges…
— Tout semble lié au métier de votre père.
— Vous aussi, vous voulez savoir des choses sur cette maudite tour ?
— À vrai dire, commença Alain.
— Oui ou non ? demanda-t-elle brutalement.
— Oui.
Patricia l’apostropha vivement :
— Je ne veux pas parler de cette foutue tour ! Elle m’a pris mon père, vous ne trouvez pas que ça suffit comme ça ?
Alain tenta de la prendre dans ses bras pour la rassurer.
— Bas les pattes sale cochon ! lui lança-t-elle en se reculant vivement.
— Calmez-vous, bon Dieu ! ordonna-t-il, d’un ton qui n’admettait aucune réplique.
Patricia ferma les yeux et serra les poings quelques secondes. Puis elle regarda Alain et, sans desserrer les dents, dit :
— Vous m’avez rendu un fier service. Peut-être même que vous m’avez sauvé la vie. Je pense que je vous dois quelque chose…
— Ne le prenez pas comme ça. Il y a déjà deux morts dans cette histoire. J’ai moi-même été victime d’une tentative d’assassinat. Vous-même, et sans doute d’autres personnes, sont menacées. Vous ne croyez pas qu’il vaudrait mieux tirer cette affaire au clair le plus rapidement possible ?
— Vous avez probablement raison. D’ailleurs c’est votre métier de chasser le crime et de bouter l’assassin hors de nos murailles, ironisa-t-elle.
— Alors ?
— Que voulez-vous savoir ?
— Tout. Tout ce que vous pouvez savoir d’Infinita, ou de Babel, appelez-la comme vous voulez…
— Je ne sais pas grand chose, à part ce que l’on en raconte.
— Vous y avez pourtant vécu.
— Si peu. Je me rappelle surtout de mon père, très peu de la tour. Et puis, lorsqu’elle a brûlé, et mon père avec, j’ai refoulé tous ces souvenirs.
— Je comprends.
Puis, se souvenant de sa rencontre avec Georges Nardon, il demanda :
— Mais votre père ne vous a-t-il pas laissé des documents ?
— Je crois que si… Il me semble qu’il y a une caisse au grenier qu’il avait oubliée ici. Enfin, en disant “ici”, je veux dire au niveau du sol : quand mon père est devenu responsable d’une des sections de la tour, il lui a fallu aller y vivre.
— Je sais, l’interrompit Alain.
— Comment ?
— J’ai parlé avec Georges Nardon avant sa mort. Vous parliez d’une caisse ?
— Et elle ? demanda Patricia en regardant machinalement vers le bas.
— Elle est attachée : il sera toujours temps de s’occuper d’elle plus tard…
Ils quittèrent la salle de bains et elle le précéda dans l’escalier. Alain ne put s’empêcher de la regarder. Elle était belle, elle aussi. Mais, contrairement à la fausse policière, elle avait quelque chose en plus de sa beauté. Arrivée au palier, elle s’arrêta devant une porte de bois :
— C’est ici. Vous ne voulez pas passer devant ? Je n’aime pas trop cet endroit…
— Pas de problème ! dit-il en ouvrant la porte.
— La lumière est à droite, lui indiqua-t-elle, tandis qu’il pénétrait dans l’obscur grenier.
Alain tendit le bras et frissonna un peu au contact d’une toile d’araignée poussiéreuse et humide, tâtonnant avant de trouver l’interrupteur. Une lumière jaunâtre inonda la pièce, dévoilant un amoncellement hétéroclite d’objets innombrables…
— Vous savez où c’est j’espère ? demanda Alain inquiété par le désordre qui régnait.
— Je crois m’en souvenir… dit-elle en se dirigeant vers le fond du grenier.
Alain la suivit et la regarda farfouiller dans les piles. Au bout d’un moment, elle se releva et dit :
— Rien à faire je ne la retrouve pas… Pourtant j’étais certaine qu’elle était par ici !
Alain regarda pensivement la pièce. Si les fameux documents étaient bien là il faudrait des heures pour les retrouver. Avisant une petite porte située à une extrémité du grenier, il suggéra :
— Peut-être dans la pièce à côté ?
— Quelle pièce ? demanda-t-elle en suivant son regard.
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