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06.03. Babel - Chapitre VI (3/4)
lundi 12 novembre 2007, par
Voyant la porte qu’il regardait elle sourit et dit :
— Ça m’étonnerait fortement : cette porte donne sur un toit terrasse. D’ailleurs il y a bien longtemps que j’en ai perdu la clef…
Elle se remit à fouiller de ci, de là. Au bout de quelques minutes elle poussa un cri de victoire :
— Je l’ai !
Alain l’aida à retirer un petit carton de dessous une pile.
— Vous êtes sûre que c’est ça ? Vous aviez parlé d’une caisse…
— Oh, une caisse, un carton, c’est du pareil au même !
Alain allait l’ouvrir quand une explosion provenant du bas de la maison le coupa dans son élan.
— Ne bougez pas, lui ordonna-t-il.
Et il s’élança dans l’escalier mais ne put descendre plus de quelques marches : l’escalier menant du premier étage au rez-de-chaussée était la proie des flammes. “Une grenade incendiaire” songea Alain. Se couvrant le bas du visage avec son mouchoir, il tenta de s’avancer de quelques pas dans l’escalier, mais s’arrêta bientôt, suffoqué par la chaleur du brasier et par la fumée qui s’en dégageait.
Il tenta de voir ce qu’était devenue la fausse policière, en vain : le rideau mobile des flammes l’en empêchait… Il allait rebrousser chemin lorsqu’il aperçut une ombre bouger dans les lueurs rousses du brasier. Il s’immobilisa, scrutant l’incendie : il ne s’était pas trompé, il y avait quelqu’un en bas et même deux personnes, vêtues d’une combinaison de protection. “Ils sont efficaces ces pompiers” songea Alain en les hélant :
— Venez ici, nous sommes en haut…
Bien mal lui en prit, car une des deux silhouettes sortit un revolver et tira dans sa direction.
Alain remonta quatre à quatre les marches jusqu’au grenier où l’attendait une Patricia inquiète.
— Que se passe-t-il ? J’ai cru entendre un coup de feu…
Essoufflé, plus par les fumées de l’incendie que par sa course dans les escaliers, Alain balbutia :
— Bombe incendiaire… Deux hommes… Tiré dessus.
Il s’interrompit pour reprendre sa respiration, tout en fermant la porte.
— Vite, il faut se barricader…
Ils empilèrent contre la porte tous les objets lourds qu’ils purent trouver.
— Ce n’est pas tout : nous sommes peut-être protégés de ces hommes mais pas du feu. Il faut fuir, dit-il.
— Oui mais comment ?
— La terrasse !
— Mais la porte est fermée et je n’ai pas la clef.
— Ce n’est pas un problème, répondit Alain.
Ils se précipitèrent vers la porte. Alain l’examina. Elle n’était pas très solide. Juste un panneau de bois que le temps avait largement entamé… Il prit du recul et s’élança, l’épaule droite en avant. La porte craqua et céda en un grincement sinistre. Alain acheva de l’ouvrir à coups de pieds et ils débouchèrent sur le toit de la maison.
Alain n’avait pas oublié les précieux documents : il y tenait d’autant plus qu’il pressentait confusément qu’ils contenaient la clef de l’affaire.
— Et maintenant ? demanda-t-elle.
Alain regarda de tous côtés. Impossible de descendre et la maison était coincée entre deux édifices bien plus hauts qu’elle. Pas la moindre ouverture non plus. La seule issue possible était une échelle de fer aux barreaux rouillés, scellée dans le mur de l’immeuble de gauche. Alain entraîna Patricia dans cette direction :
— Par là ! C’est notre seule chance…
Ils gravirent donc l’échelle, elle, en tête et Alain prêt à la retenir au cas où elle tomberait.
Encombré par son fardeau, Alain progressait moins vite que Patricia et elle arriva au terme de l’ascension alors qu’il n’était encore qu’au deux tiers de son parcours. Un bruit de planche brisée le fit sursauter : instinctivement il pressa son allure. Comme Patricia l’aidait à prendre pied sur le toit, un coup de feu retentit et une balle miaula en s’écrasant sur le mur de l’immeuble, là où Alain se trouvait quelques secondes plus tôt.
— Ils ont traversé l’incendie, lança-t-elle, surprise.
— On dirait, répondit Alain en l’entraînant à sa suite dans une fuite éperdue.
Ils continuèrent leur course sur le toit de l’immeuble jusqu’à ce qu’ils soient arrêtés par une petite rue.
— Il faut passer, c’est le seul moyen.
— Je n’y arriverai jamais, objecta-t-elle, craintive.
— Désolé, mais il n’y a pas d’autre solution.
Ils se reculèrent de quelques pas pour prendre leur élan. Patricia agrippa la main d’Alain :
— Je ne pourrai jamais y aller…
À cet instant précis, un coup de feu retentit et une balle siffla à leurs oreilles. Sans même se concerter, ils se remirent à courir et franchirent sans difficulté majeure le vide qui les séparait de l’immeuble suivant. Ils se plaquèrent au sol et cherchèrent à voir où étaient passés leurs poursuivants.
Contrairement à ce qu’Alain avait cru, ce n’étaient pas deux hommes qui s’étaient lancés à leurs trousses mais un homme et une femme : la fausse policière qu’Alain croyait encore solidement attachée au rez-de-chaussée de la maison en flammes.
Ils se rapprochaient de plus en plus et une nouvelle balle ricocha sur le parapet de béton, les forçant à se baisser. Alain évalua la situation :
— Ils sont tout près de nous…
— Je sais, merci ! Qu’est-ce que vous proposez ?
— On ne peut pas continuer à avancer : il n’y a rien pour s’abriter sur ce foutu toit et on n’a pas le temps de descendre… Je ne vois qu’une solution : les attendre.
— Vous êtes dingue !
— Vous avez une meilleure idée ?
— Euh… À vrai dire, pas vraiment.
— Bon, alors éloignez-vous en restant à l’abri du parapet, commanda-t-il en lui tendant les documents.
— Vous n’avez pas besoin d’aide ?
— Si, mais pas de la vôtre.
— Toujours aimable, la poulaille, grommela-t-elle en rampant un peu à l’écart.
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