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09.03. Babel - Chapitre IX (3/4)
lundi 4 février 2008, par
Patricia resta la tête en l’air, un léger sourire sur les lèvres :
— Je crois…
Alain suivit son regard et vit lui aussi la trappe d’évacuation de secours. Il se baissa pour faire la courte échelle à sa compagne.
Celle-ci ne se fit pas prier et fut bientôt hissée vers le plafond, opération d’autant plus facile que la décélération de la cabine l’allégeait d’autant. Elle écarta la plaque de métal et un souffle puissant balaya l’habitacle…
Déséquilibrée par ce courant d’air tourbillonnant, elle faillit tomber mais se rattrapa à temps. Alain l’aida à monter sur ses épaules d’où elle put effectuer un rétablissement parfait sur le toit de la cabine.
Prenant son élan, Alain bondit, tel un fauve souple et puissant, et la rejoignit dans sa précaire situation…
Ils firent glisser la plaque de métal au moment où la cabine achevait sa course, laissant toutefois un espace suffisant pour en observer l’intérieur. Alain lança un dernier regard dans l’habitacle et s’aperçut avec horreur qu’ils avaient, dans leur hâte, oublié de refermer la prise informatique…
Mais il était trop tard pour y remédier : les portes commençaient déjà à s’ouvrir et ils pouvaient entendre les fragments d’une conversation provenant de l’extérieur.
Alain fit signe à Patricia de se taire et scruta l’intérieur de la cabine par l’interstice qu’ils avaient ménagé : deux hommes vêtus d’une combinaison d’un blanc immaculé entrèrent.
Le premier était le plus âgé des deux : il devait avoir une trentaine d’années alors que le second en affichait tout au plus vingt. Ce dernier sortit de sa poche un petit disque de métal blanc, semblable à celui qu’Alain avait découvert dans les poches du meurtrier.
Il le glissa dans une petite fente qu’Alain avait vue en entrant dans la cabine sans trop y prêter attention…
La voix synthétique qu’ils avaient déjà entendue s’éleva à nouveau :
— Bonjour Maädge. Dans quelle section désirez-vous vous rendre ? demanda-t-elle de sa voix atone.
— Quatre.
— Quel niveau ?
— Dix-sept.
Quelques mètres plus haut, Alain n’avait rien perdu de cet étrange dialogue entre un homme et une machine, comprenant ce qu’il aurait dû faire quelques minutes plus tôt et quelques centaines de mètres plus bas.
L’accélération ne surprit ni Alain ni Patricia, mais ils tremblèrent à la pensée de ce qui les attendait si les deux hommes décidaient de s’asseoir : l’ascenseur passerait en vitesse rapide et l’accélération serait alors colossale. Elle était déjà difficile à supporter lorsqu’on était confortablement assis dans la cabine, alors, pour les deux passagers clandestins couchés sur le toit, ce serait terrible…
Heureusement les deux hommes ne semblaient ni fatigués ni pressés d’arriver et restèrent debout à bavarder. Alain tendit l’oreille pour essayer de surprendre leur conversation, mais le bruit de l’ascenseur était trop fort et il ne put entendre que quelques mots épars :
— …guerre…
— …
— …catastrophe… impossible…
Soudain Alain sentit la main de Patricia saisir son poignet. Il tourna la tête vers elle, surpris : elle fixait quelque chose au-dessus d’eux. Alain suivit son regard et vit ce qui la terrifiait : ils fonçaient vers une paroi métallique sans que l’ascenseur ne semble vouloir ralentir.
Alors qu’Alain était prêt à rouvrir la trappe pour se réfugier dans la cabine, la plaque de métal s’écarta pour les laisser passer. Quelques secondes plus tard ils franchissaient une seconde porte tandis que leurs oreilles se mettaient à bourdonner douloureusement :
— Un sas, murmura Alain pour lui-même.
Patricia avait compris, elle aussi, et sa main lâcha Alain qui reprit son écoute.
Les deux hommes avaient cessé de parler. L’un d’eux se frottait l’oreille en affichant un air étonné. Il regarda autour de lui en marmonnant quelque chose qu’Alain ne comprit pas. Soudain, désignant la prise informatique restée ouverte à son compagnon, il éleva la voix :
— Regarde ça ! Non seulement Babel n’est pas prête mais en plus elle part déjà en morceaux !
— …exagères…
— Non je n’exagère pas ! continua-t-il sur le même ton. Regarde, plus rien ne ferme, dit-il en donnant un coup de pied sur la prise informatique pour la refermer.
Il resta un instant silencieux, continuant à regarder autour de lui pour trouver un autre exemple. Et, finalement, levant les yeux vers Alain et Patricia :
— Regarde, même cette trappe, qui n’est pourtant jamais ouverte, ne ferme plus, dit-il en tendant le bras vers cette dernière.
Le cœur d’Alain cessa de battre : ils allaient être découverts… Mais, heureusement pour eux, l’ascenseur arrivait à destination et commença à ralentir. Le bruit du moteur décrut, permettant à Alain d’entendre le reste du dialogue :
— Non, vraiment tu exagères, la tour est en bon état et elle est presque prête ! D’ailleurs nous avons encore du temps pour la terminer.
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