Accueil > Divers (et d’été) > Babel - Un (mauvais) roman de mon ami Luc > 02.04. Babel - Chapitre II (4/4)
02.04. Babel - Chapitre II (4/4)
lundi 30 juillet 2007, par
— Fais gaffe ! Si le chef apprend que tu ne laisses pas tomber, ça ira mal pour toi.
— Je sais !
Christophe quitta le bureau. Alain continua à réfléchir. Il repensait à la conclusion de son collègue. Effectivement, l’homme avait dû venir des carrières… Mais une semaine à attendre pour avoir les plans, c’était diablement long !
Alain se rappela alors qu’il existait un organisme s’occupant de toutes les cartes : l’Institut Géographique National. Il alluma le minitel qui se trouvait à sa droite, seul outil informatique qu’il s’était résolu à utiliser, et composa le “11”. La connexion fut rapidement établie et il se mit à rechercher le numéro de l’IGN à Paris. Parmi les différentes réponses, l’une d’entre elles l’intéressa tout particulièrement qu’elle correspondait à une cartothèque. Il se déconnecta et appela le numéro qu’il venait de trouver :
— Cartothèque de l’IGN, bonjour.
— Bonjour. Je voudrais savoir si vous possédez des cartes des anciennes carrières de Paris.
— Non, juste une vague photocopie. Si vous voulez consulter les cartes des carrières, il faut vous adresser à l’Inspection Générale des Carrières de la Ville de Paris, à Denfert-Rochereau…
— Merci beaucoup. Au revoir.
Alain raccrocha et utilisa encore le “11” qui lui livra promptement le numéro de téléphone et l’adresse exacte de l’IGC, qu’il décida d’appeler sans attendre :
— Inspection Générale des Carrières.
— Bonjour, je voudrais savoir s’il est possible de consulter des cartes des carrières de Paris.
— Oui, mais seulement le lundi et le mercredi, de neuf heures à midi.
Alain remercia l’employé et raccrocha. Il regarda sa montre : onze heures trente… Il avait juste le temps de foncer là-bas.
Il partit d’un pas rapide vers la station de métro et, quelques minutes plus tard il arrivait place Denfert. Il s’approcha du vieux bâtiment en pierres de taille qui abritait l’IGC. À l’entrée des bureaux se trouvait une maquette représentant Paris et son sous-sol : égouts, métro, câbles téléphoniques et carrières. Alain s’arracha assez vite à sa contemplation car il ne lui restait que peu de temps avant la fermeture du service…
Il poussa la porte et entra. Deux personnes étaient déjà occupées à consulter des plans. Alain s’approcha d’elles et constata qu’il s’agissait de cartes des carrières. L’homme qui les étudiait se renseignait en vue de la construction d’un immeuble :
— La construction ne peut donc pas se faire sans travaux de soutènement ?
L’employé regarda la carte un instant et lui répondit :
— Non, les carrières ne sont qu’à sept mètres sous votre parcelle… Si vous construisez là-dessus sans fondations adéquates, votre immeuble ne tiendra pas deux ans.
— Quel type de travaux faut-il faire ?
— Des piliers de soutènement suffiront sans doute… Mais vous devez déposer un dossier à l’IGC décrivant votre projet. Vous recevrez une autorisation de travaux et un descriptif des ouvrages à réaliser.
— Ça prendra du temps ?
— Deux à trois semaines selon l’ampleur de votre chantier.
— Et je ne peux rien faire avant ?
— Non, il vous faut attendre l’autorisation.
— Mais j’ai déjà un permis de construire !
— Vous ne l’avez pas lu attentivement : il est sous réserve d’acceptation par l’IGC…
L’homme maugréa un instant contre l’inefficacité de l’administration qui allait lui faire perdre du temps et de l’argent… Sans prendre garde à ce discours peu flatteur pour lui, l’employé se tourna vers Alain et lui demanda ce qu’il désirait.
— J’aurais voulu consulter la carte des carrières du quartier de la station Port-Royal, répondit ce dernier.
L’employé regarda l’heure :
— Nous fermons dans cinq minutes, j’ai peur que vous ne deviez revenir lundi prochain.
Puis devant la mine déconfite d’Alain il ajouta :
— Si c’est vraiment si urgent, vous pouvez acheter la carte qui vous intéresse et la consulter chez vous.
— Elle coûte combien ?
— Quatre-vingt deux francs.
— D’accord, je la prends…
— Quel quartier déjà ?
— Le carrefour du boulevard Saint-Michel et du boulevard de Port Royal.
L’employé consulta un vaste plan de Paris où chacune des cartes existantes était représentée par un petit rectangle. Puis il répondit :
— Vous pourriez être plus précis ? Le carrefour se trouve à l’intersection de quatre cartes.
— Je prends les quatre, répondit-il simplement.
L’homme prit un bloc et annonça les numéros des cartes tout en les notant :
— Voyons, il vous faut la 25-48, la 26-48, la 25-49 et la 26-49.
Puis il se dirigea vers le fond de la pièce, et sortit d’une grande armoire, l’une après l’autre, quatre grandes feuilles cartonnées qu’il roula ensemble. Puis il revint vers Alain.
— Vous voulez aussi la légende générale ? Elle coûte aussi quatre-vingt deux francs.
Alain donna son agrément d’un simple signe de tête et l’homme enroula une cinquième feuille autour des précédentes, puis entoura le tout avec un élastique et tendit le rouleau à Alain.
— Quatre cent dix francs annonça-t-il. Vous payez comment ?
— Par chèque.
Alain régla la somme, empocha la facture que lui tendit l’employé et quitta l’Inspection Générale des Carrières après un dernier regard à la maquette du hall d’entrée. Il reprit le métro, impatient de regagner son bureau pour y consulter tranquillement les documents qu’il venait d’acquérir…
(c) 1992 Luc de Bauprois - Tous droits réservés
La loi du 11 Mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple ou d’illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faites sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal